Recroquevillé
ankylosé
dans un bocal en verre
épais
le bocal.
Ma respiration
lourde
pénible
opacifie
ma prison
d’un voile de buée.
Du juste bout des doigts
à moitié raides
gelés
entravés
j’efface
en sillons
maladroits
déformés et
déformants
un peu
du tissu
de cette humidité
qui exsude de moi
à chaque expiration
douloureuse
et interpose
sa brume pudique
comme pour me cacher
la vérité
du monde.
Mais voir,
n’est-ce pas
voir et savoir
qui quand comment
pourquoi !
Savoir
toujours
même s’il faut en crever
de désespoir
même si c’est pour assister
à la cent millionième
de ce triste spectacle
encore et encore joué
rejoué et sur- joué
car c’est un jeu
c’est bien un jeu
puisqu’il y a
des gagnants et
des perdants !
Je colle mon nez
pour mieux dire
je l’écrase
à la surface pisseuse
de mon cylindre
ergonomique et
démocratique.
Si si, je vous assure !
Ergonomique
sans conteste
à taille humaine
laissant pénétrer
ce qu’il faut
d’un peu d’air
à peu près
respirable
avec juste assez d’espace
pour se bouger les os
mais de toute évidence conçu
pour que le sujet
ne puisse prendre son élan
et ne tente
en se jetant dessus
d’éclater la paroi
et ne se blesse
à ce jeu stupide et
irresponsable
du chat et
de la souris et
de la Liberté !
Et dé mo cra ti que !
Et combien !
Qu’on se le dise !
J’écrase, librement, donc,
mon nez
à la surface pisseuse
de mon bocal.
La dégoulinure permanente
de ma buée tiède
trouble assez
ma vision
mais quand même
à m’arracher les yeux
à force de vouloir
je finis par percer
leurs épaisseurs
sombres
car il est sombre
leur monde
comme ces fourrés
ces caves humides
où l’on trame.
Des bocaux
par milliers
par millions
par milliers de millions
alignés
numérotés
à longueurs et
longueurs
d’étagères infinies
autant que je puisse voir.
Au-dessous de moi,
très loin, très profond
au pied de centaines
de rangées monotones
un grouillement
infecte
de bêtes qui rampent
des hordes de rats
bruns
noirs
aux yeux fauves
se disputent âprement
farouchement
des bribes d’autres “MOI ”
sur un tumulus
de bocaux brisés ;
un rayon de lumière
rouge
projeté par moment
qui sait d’où
dans un souffle
de forge
donne à voir
furtivement
ce carnage.
Dans les bocaux
les plus proches du mien
-comment puis-je dire mien ?
celui qui me contient
serait plus juste-
je distingue
pliés
accroupis comme moi
immobiles
lugubres
les yeux perdus
dans le vague
infini
de l’ombre
des êtres
me ressemblant
décharnés pour les uns
bouffis pour les autres
mais tous bleuâtres,
d’une consistance molle
de bougie refroidie.
Suis-je bleu aussi ?
Ai-je l’air
d’avoir fondu
de l’intérieur
comme ceux-là
qui m’entourent et
m’effrayent, surtout ?
ankylosé
dans un bocal en verre
épais
le bocal.
Ma respiration
lourde
pénible
opacifie
ma prison
d’un voile de buée.
Du juste bout des doigts
à moitié raides
gelés
entravés
j’efface
en sillons
maladroits
déformés et
déformants
un peu
du tissu
de cette humidité
qui exsude de moi
à chaque expiration
douloureuse
et interpose
sa brume pudique
comme pour me cacher
la vérité
du monde.
Mais voir,
n’est-ce pas
voir et savoir
qui quand comment
pourquoi !
Savoir
toujours
même s’il faut en crever
de désespoir
même si c’est pour assister
à la cent millionième
de ce triste spectacle
encore et encore joué
rejoué et sur- joué
car c’est un jeu
c’est bien un jeu
puisqu’il y a
des gagnants et
des perdants !
Je colle mon nez
pour mieux dire
je l’écrase
à la surface pisseuse
de mon cylindre
ergonomique et
démocratique.
Si si, je vous assure !
Ergonomique
sans conteste
à taille humaine
laissant pénétrer
ce qu’il faut
d’un peu d’air
à peu près
respirable
avec juste assez d’espace
pour se bouger les os
mais de toute évidence conçu
pour que le sujet
ne puisse prendre son élan
et ne tente
en se jetant dessus
d’éclater la paroi
et ne se blesse
à ce jeu stupide et
irresponsable
du chat et
de la souris et
de la Liberté !
Et dé mo cra ti que !
Et combien !
Qu’on se le dise !
J’écrase, librement, donc,
mon nez
à la surface pisseuse
de mon bocal.
La dégoulinure permanente
de ma buée tiède
trouble assez
ma vision
mais quand même
à m’arracher les yeux
à force de vouloir
je finis par percer
leurs épaisseurs
sombres
car il est sombre
leur monde
comme ces fourrés
ces caves humides
où l’on trame.
Des bocaux
par milliers
par millions
par milliers de millions
alignés
numérotés
à longueurs et
longueurs
d’étagères infinies
autant que je puisse voir.
Au-dessous de moi,
très loin, très profond
au pied de centaines
de rangées monotones
un grouillement
infecte
de bêtes qui rampent
des hordes de rats
bruns
noirs
aux yeux fauves
se disputent âprement
farouchement
des bribes d’autres “MOI ”
sur un tumulus
de bocaux brisés ;
un rayon de lumière
rouge
projeté par moment
qui sait d’où
dans un souffle
de forge
donne à voir
furtivement
ce carnage.
Dans les bocaux
les plus proches du mien
-comment puis-je dire mien ?
celui qui me contient
serait plus juste-
je distingue
pliés
accroupis comme moi
immobiles
lugubres
les yeux perdus
dans le vague
infini
de l’ombre
des êtres
me ressemblant
décharnés pour les uns
bouffis pour les autres
mais tous bleuâtres,
d’une consistance molle
de bougie refroidie.
Suis-je bleu aussi ?
Ai-je l’air
d’avoir fondu
de l’intérieur
comme ceux-là
qui m’entourent et
m’effrayent, surtout ?
Tous égaux
tous des bougies mortes
dans un bocal
hermétique.
Tous pareils ?
Un numéro
unique, lui,
pour seule différence
pour seule identité.
Egalité
ça s’appelle.
Tous égaux
tous embocalisés
stérilisés peut- être ?
« Comme un goût de cendre au réveil » extrait 1. Texte déposé à SACD/SCALA
3 commentaires:
stérilisé j'y crois pas
si y a de l'air
y a des bactéries et des virus et des saloperies qui parasitent aussitôt notre tête,
alors stérilisé,
avant la toute dernière fin
c'est difficilement possible
surtout si le pot n'est pas fermé complètement...
enfin je le croire comme ça moi;-)
tiens j'ai remarqué sur plusieurs blogs de blogspot qu'alors qu'on te demande les coordonnées de ton blog lorsque tu déposes un com dans la catégorie "autre" et ben tu ne bénéficie pas du lien magique avec celui-ci et ton nom ne s'allume pas en bleu justement!
histoire de bocaux qui sont pas de la même boite!
cool! quand tu n'es pas Google/Blogger, on te fait pas de pub!
tu as peut-être raison, y en a un paquet qui ont des bocaux fermés à la place du crâne ;-)
Ma chère Camille, je dénonce moi la stérilisation morale qui est aux "mauvaises pensées" ce que la stérilisation thermique est aux bactéries tournebouleuses de confitures. La suite du texte t'en apprendra sur cette façon de "traiter" la bête humaine...
Pour google/blogger, je suis trop "démuni" techniquement pour avoir remarqué quoi que ce soit mais je te fais confiance.
Plein de bises à toi et à l'adorable petite "diablesse" qui dort sur ton piano !
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