mardi 20 février 2007

perfection aboutie du monde : j-1








De loin, ils ont vu.

Peut-être omniscients,
se doutaient-ils de
quelque chose ?

Le glissement
des ectoplasmes dans l’éther
a été soudain

fulgurant.

Deux faces blêmes
rigoureuses

scrutent

la mutation indécente
provocatrice

de la femme libellule.

Elle

ne s’effarouche pas
sous l’assaut des
regards inquisiteurs.

Elle sourit davantage
jouant de ses ailes

comme d’une harpe.

Quelques notes pointues
scintillantes

tentent timidement
de traverser
le verre de son bocal,

l’univers semble
frémir insensiblement,

j’en jurerais,

à l’âme vive
de ce diapason
cristallin ;

un instant infime

le silence de plomb
qui écrase
toutes choses

de sa masse

depuis des temps et
des temps

semble céder le pas ;

je sens,

-les autres aussi peut-être?-

qu’un soleil de musique rayonnante

se tient, là,

derrière la chape sourde

prêt à s’infiltrer
de toute sa chaleur

de toute sa vie

de toute sa puissance

par la moindre brèche ouverte.


















Que quelques bocaux volent
en éclats
à la piqûre d’une note
encore plus vive

que quelques bougies molles
s’éveillent et
surprises
émettent ne serait-ce

qu’un piaillement étonné

et c’en serait fini
de la congélation
crapuleuse
du monde.

On se retrouverait

tous autant qu’on est

dans un brouhaha
assourdissant

rutilant,

gai,

clinquant

tissé n’importe comment

anarchiquement

fraternellement

librement

de tous les éclats de mots

les éclats de rires

les éclats d’amour

les éclats de vie.

















Les mains

gantées de latex
chirurgical

ont déjà ouvert
le bocal de
Elle,

ont saisi l’être difforme
monstrueux à
leurs yeux,

arraché
d’un geste sec

mécanique

et dans un craquement muet

insupportable

les ailes irisées,

ont broyé le corps,

repoussé tout cela
en bouillie

au fond du flacon,

refermé hermétiquement
celui-ci
avant de le jeter

vivement

au pullulement
infecte
des charognards.

Mes yeux ont hurlé

mes poings rebondi

furieux

impuissants

au verre
génétique
de ma prison.


















Alors
la main gigantesque

sanglante encore

de son intervention
prophylactique,

sans haine

sans état d’âme,

professionnellement,

d’une chiquenaude
d’une pichenette machinale
légère

presque désinvolte

envoie valser

mon sort

au fond
du monde.

Je n’ai que le temps
de voir monter à moi

dans un tourbillon vertigineux

la grouillitude
que je redoutais tant,

les yeux enflammés et rieurs

les dents rouges
baveuses
écumantes

de la
Perfection

en passe

d’aboutir.








 FIN



« Comme un goût de cendre au réveil » épisode 9 . Texte déposé à SACD/SCALA











5 commentaires:

Anonyme a dit…

Les poussières d' ailes de libellule sont immortelles, Hombre ...
Quoiqu' on veuille nous faire croire sous la menace ...
Bredouillantes, timides, révoltées, hargneuses, désespérées ...
Et le pire, sais-tu, c' est qu' elles engendrent ...
Alors, leurs enfants, nos enfants dénoncent à leur tour, se retrouvent chez le préfet parce que leur mère libbellule leur a dit un jour de ne pas baisser les yeux devant le chantage ou la menace ...
Rester debout est à ce prix ...
Et bien tant pis pour l' autorité ... Le pétillement au fond des yeux vaut bien quelques blessures aux ailes ...
Je t' embrasse avec cette chaleur des rebelles, Hombre ...

Anonyme a dit…

il y a des tas de bocaux livrés à la mort, à chaque seconde de la vie, par maladie, accident, incident imprévisible sans même parler de tout ce qui l'était... l'issue est fatale quelque soit la vie menée tassée dans un bocal ou bien debout... et elle arrive à tout moment dans une vie.
parler d'amour fait tenir debout jusqu'au bout

Anonyme a dit…

Salut Kaïkan
Alors, vive les enfants debout face à Môssieur le Préfet!
Bises!

Camille, je crois que tu n'as pas compris le sens de mon conte : ce n'est pas un problême de mort hasardeuse et de fatalité mais de mépris de l'humain et d'extermination des indésirables. L'amour, certes, mais peut-on confondre dans le même fatalisme la victime d'un impossible amour et l'englouti du Goulag ou du carbonisé des Saintes Inquisitions?
L'une est victime d'un drame, l'autre d'un crime. Et je montre un monde non pas dramatique mais criminel. Face au drame, on s'incline, face au crime, on se lève.
Si on commence à tout mettre au même niveau, c'est que , OUI, les Maîtres des Bocaux ont déjà gagné.
Bisous à toi et vive ton Romantisme.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…
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